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Le destin du bogosse

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BelphegorDeLEsip's avatar
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Sur son lit, elle pleure, depuis des heures. Sa respiration difficile la fatigue, elle finira par sombrer dans le sommeil, auquel elle tend les bras, et qu'elle souhaite éternel. Sa chambre est un océan, elle s'y noie et la lumière crue du plafonnier ne lui est d'aucun secours dans les abîmes obscurs de sa douleur.

« Je n'en connais pas de faciles, je n'en connais que de fragiles »

Les paroles de Julien Clerc la hantent.

Depuis trois mois que dure sa relation avec Killian, le beau gosse musclé au sourire si lumineux, elle a tant donné, jusqu'à son propre corps, pour le séduire, puis le garder, mais qu'a-t-elle reçu en retour ? Des regards de mépris, des réflexions misogynes, et des chaussettes sales à laver. Est-ce cela, l'amour ? Sacrifier tout son être, et souffrir ?

Ses yeux lui font mal, sa gorge râle à chaque atome d'oxygène qui arrive à rentrer. Elle ne sait plus, ne veut plus savoir où est le ciel, ou est le sol, c'est l'enfer qui lui tend les bras.

Comment sa mère a-t-elle fait pour trouver un mari si aimant ? Et pour le garder ? Ces hommes existent-ils encore, qui ont un mot doux, savent tourner un compliment et n'ont pas peur d'offrir des fleurs ? Elle s'en veut d'avoir cédé au charme viril de ce culturiste débile. Et dire qu'il se vante d'être bon au lit, et dire qu'elle a menti pour qu'il en tire de la gloire, au point que certaines de ses amies ont voulu vérifier.

Elle lui a offert son âme, et il l'a prise. Elle n'a plus rien. Même la fille en cuir moulant du bois voisin obtient davantage de ses charmes, malgré tout le mépris que les honnêtes gens prétendent avoir d'elle. La véritable esclave sexuelle n'est pas celle que l'on croit.
Elle pousse sur ses bras, et déplie sa colonne ankylosée. D'un pas mal assuré, elle tangue vers la pharmacie, et se saisit d'un gramme de paracétamol. Un instant, elle a hésité avec le somnifère, mais l'image de sa mère lui est apparue. Il reste au moins deux personnes qui l'aiment. Elle entre sous la douche, fait couler l'eau tiède et purificatrice sur son corps meurtri.

Non, ce genre d'homme n'est qu'illusion diabolique.

Peut-être est-ce comme cela que cela fonctionne, ne rien donner, tout prendre, jusqu'à ce que le partenaire, épuisé, vidé, ne meure ou ne parte ? La tactique est tentante. Après tout, avoir un homme à sa cheville, prêt à tout donner comme elle l'a fait pour l'autre, et ne lui distribuer que le strict minimum entre deux insultes méprisantes... un esclave en somme. Dans ses discussions adolescentes, ces chevaliers servants revenaient souvent faire rêver ses copines et, il faut l'avouer, elle aussi. Seulement voilà, qu'apportent de telles créatures ? À force de ramper, elles deviennent invisibles, appellent le mépris, et arrivent à croire que montrer du plaisir à être dominé flatte leur maître pourtant à jamais insatisfait.

Elle se rend compte à quel point elle était devenue ce qu'elle ne voulait pas avoir à ses pieds.

Elle se hait.

Elle pleure encore, puis se pardonne.

Errare humanum est. Mais cela fait mal.

Persevare diabolicum. Elle frappe le carrelage de la douche, et se lave encore une fois, énergiquement. Elle se débarrasse symboliquement de lui, et de ses semblables. Non, ce qu'il lui faut, c'est un mari, pas un maître, ni un chien. Un partenaire, pour la vie, qui la comprenne, qui l'encourage, qui lui offre son cœur, mais qui sache exprimer sa personnalité, rester celui qu'elle aura choisi.

Si elle le trouve, elle se promet de l'aimer, de lui offrir une vie commune, de lui sacrifier de son temps et de son énergie, mais pas son âme.

Celui qui te demande ton âme, c'est le démon, pas l'ange.
Ce texte est une réponse à :iconpierro-studio: ( fav.me/d81yv2w ) et à :icondario-l: ( fav.me/d7k7ox3 ).
Bien sûr, je répond à côté de la question, sinon ce n'est pas drôle.

Plus sérieusement:
- attention, "amant" signifie "qui aime et est aimé en retour" et non pas "partenaire sexuel"
- la question initiale, telle que je l'ai comprise, est de savoir où on veut se situer dans l'échelle de soumission à domination que peut décrire un couple ; en ce sens j'apporte ma réponse - et elle peut ne pas vous plaire

PS: le sujet est potentiellement passionnel, merci de respecter les auteurs comme les lecteurs en restant dans le domaine des idées, et donc en s'abstenant de toute insulte ou propos injurieux.

PPS: je mets cette modeste contribution en Creative Common pour que vous puissiez la diffuser à loisir, mais je vous remercierais de toujours laisser un lien vers l'auteur

PPPS: tiens ? un texte au présent ? profitez-en, ce n'est pas ma spécialité ! ;)
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DameOdessa's avatar